Alex Silas
Quel est ton rôle dans le syndicat?
Je viens d’être élu vice-président exécutif régional suppléant de l’AFPC-RCN. J’ai très hâte d’entreprendre mon boulot afin de mieux comprendre les besoins de la région et de nos membres, de renforcer notre syndicat, de promouvoir la solidarité et de faire avancer le mouvement syndical. Je fais aussi partie du Conseil exécutif de la région en tant que membre hors cadre et je suis vice-président de la section locale à charte directe 71250.
Je me vois comme un mobilisateur. C’est le rôle que j’ai adopté dès le départ et c’est ce que je crois être ma plus grande force pour répondre aux besoins des membres. Je me rends là où on a besoin de moi pour mobiliser les membres de la base. Je suis un militant engagé et dynamique.
Quand as-tu commencé à t’impliquer dans le syndicat?
C’était lors de la dernière ronde de négociations. L’employeur exigeait des concessions et refusait de négocier de bonne foi avec notre équipe. Il employait des tactiques antisyndicales, nous menaçant de mises à pied et de lock-out. Nous avions besoin de quelqu’un pour diriger la mobilisation et je me suis porté volontaire.
Les membres de notre section locale, apathiques depuis longtemps, se sont mobilisés pour revendiquer une convention juste. Nous avons distribué des tracts au travail ce qui a vraiment fait paniquer la haute direction. L’employeur a même eu recours à la police! Il n’avait jamais rien vu de tel. Il s’est vite rendu compte que nous étions prêts à nous battre et que nous n’allions pas baisser les bras ni nous laisser intimider.
Une telle mobilisation a eu un impact direct sur nos négociations. Nous nous sommes serré les coudes et avons réussi à conclure une nouvelle convention collective sans grandes concessions. Nous avons négocié une protection musclée contre les mises à pied et des dispositions sur le rappel au travail.
Quelle expérience a été la plus emballante ou enrichissante durant ton parcours comme militant syndical?
Il y en a tant! Mais je dirais que c’est ma participation au Congrès national triennal 2018 de l’AFPC. Je suis le premier membre de notre section locale délégué à un congrès national. Si j’ai été flatté d’avoir été choisi, j’ai aussi ressenti une immense responsabilité. C’était mon baptême de feu et j’ai tout fait pour me préparer, me renseigner, m’engager et parler au nom de ma section locale. Imaginez comme il est motivant de pouvoir discuter avec des consœurs et confrères de tous les coins du pays et d’exercer un pouvoir direct sur la direction que prend notre syndicat et sur sa gouvernance! J’étais aux premières loges pour constater à quel point notre syndicat est grand et notre famille militante est nombreuse.
Les congressistes ont marché dans les rues de Toronto jusqu’au bureau du ministre des Finances Bill Morneau. Nous étions si nombreux qu’on ne voyait ni le début ni la fin du défilé. J’avoue que la foule, les voix des manifestants et l’énergie qui se dégageait ont drôlement avivé ma flamme militante!
Quelle est ta plus grande réalisation? Ou quels objectifs voudrais-tu atteindre?
J’ai beaucoup d’objectifs. Pour ce qui est de mes réalisations, je suis fier d’avoir été élu VPER suppléant.
Je suis fier aussi de ma participation à notre campagne Ça chauffe! pour faire échec à la privatisation. J’ai distribué des tracts, fourni des témoignages et rencontré des élus pour mettre fin à ce projet dévastateur de privatisation des centrales de chauffage du centre-ville de la capitale.
Je suis fier d’ajouter ma voix à celles qui exigent que le gouvernement arrange le système de paye Phénix et verse aux fonctionnaires l’argent qui leur revient.
Je suis fier de contribuer à mobiliser les sections locales à charte directe, à bâtir des ponts entre elles et à favoriser une plus grande compréhension des défis qu’elles affrontent.
Je suis fier de contribuer à renforcer notre Comité des jeunes travailleuses et travailleurs et à mobiliser ces jeunes de notre région afin que la prochaine génération de militants puisse être la voix de notre syndicat et du mouvement syndical.
Je compte l’engagement accru des membres de notre section locale parmi nos plus grandes réalisations. Après avoir subi les tactiques antisyndicales de notre employeur, nous sommes devenus des syndiqués dynamiques, engagés et fiers. Nous formons maintenant un groupe soudé, qui lutte pour la sécurité d’emploi et le respect dans notre milieu de travail.
Que dirais-tu à des gens qui songent à s’impliquer?
Je dirais que si vous y songez, c’est que vous vous souciez des autres. Si c’est le cas, impliquez-vous.
Le mouvement syndical a besoin de militantes et de militants dévoués. Il nous faut des gens qui s’intéressent à leur travail, leurs collègues, leur milieu de travail, leurs amis et leurs proches. Notre mouvement, c’est l’affaire des travailleuses et des travailleurs. C’est un mouvement pour le peuple, par le peuple.
À mon avis, le mouvement syndical est le principal vecteur de changement positif dans notre société. Tout le monde travaille. C’est ce qui nous galvanise, ce que nous avons en commun dans le monde actuel. Lorsque nous sommes solidaires, nous sommes plus forts que tout.
Vous allez connaître vos droits, apprendre à les défendre et vous approprier votre pouvoir en tant que travailleuse et travailleur. Mieux encore, vous ne le ferez pas uniquement pour vous-même, mais aussi pour vos collègues, vos amis qui sont vos consœurs et confrères au travail. Vous le ferez aussi pour la génération à venir.
Pour moi, l’expérience est plus qu’enrichissante. Ce que j’ai investi dans le syndicat, il me l’a rendu au centuple. J’encourage tout le monde qui y songe à s’impliquer. Allez, tentez l’expérience!
Qu’espères-tu réaliser au cours de l’année qui vient en tant que militant syndical?
J’espère qu’un plus grand nombre de membres de la RCN se mobiliseront. Nous sommes presque 47 000. Nous devrions nous lever et revendiquer les changements qui s’imposent. Imaginez un peu : 1 000 distributions de tracts, 25 000 manifestations, 50 000 pétitions et appels aux élus. Oui, c’est réalisable!
Nous devons maintenir la pression au sujet de Phénix, continuer à lutter contre la privatisation et participer aux campagnes pour les services de garde abordables et un régime national d’assurance-médicaments. Nous devons exiger que le gouvernement et nos employeurs nous écoutent.
J’espère aussi voir une plus grande solidarité avec nos confrères et consœurs de syndicats partageant nos vues, d’organismes communautaires et de mouvements progressistes socialement responsables. Nous devons faire front commun dans les luttes qui nous transcendent.
Le mouvement syndical pourrait être le moteur de grands changements dans notre société. J’espère qu’en tant que travailleuses et travailleurs, nous exploiterons notre pouvoir collectif pour endiguer la vague de sentiments régressifs, antisyndicaux, et anti travailleurs et avoir raison de ceux qui cherchent à nous écraser. Il est temps de se lever.
Nous devons créer des rapprochements et guérir les blessures. Nos milieux de travail, notre société et notre monde s’en porteront beaucoup mieux.
À nous le pouvoir. Le pouvoir syndical. Le pouvoir du vote. Le pouvoir du peuple.