École syndicale: Entrevue avec Élisabeth Woods, coordonnatrice régionale

avec Franck Binard
 
Ces jours-ci, pouvoir passer une demi-heure avec Élisabeth relève du miracle. Y a pas à dire, c’est une femme occupée. Au moment de notre rencontre, j’avais l’impression de me trouver dans l’œil d’un cyclone. Sereine, petit sourire aux lèvres, elle était entourée d’un vrai tourbillon. Tout le monde qui avait un rôle à jouer dans la gestion, la planification et le déroulement de l’École à Montebello semblait carburer au 100 à l’heure.
 
Question : Bonjour. Merci Élisabeth de m’accorder du temps, sachant que votre horaire est chargé. Dites-moi, depuis combien d’années êtes-vous impliquée dans le mouvement de justice sociale et le mouvement syndical?
 
Au total, dix ans dans le mouvement syndical, 15, en justice sociale. Tout a commencé à l’école secondaire. Étudiante, je faisais beaucoup de bénévolat. Quand j’y pense, j’avais l’impression d’avoir du pouvoir, d’être autonome, en contribuant au changement positif. En effet, je ne pouvais plus être la victime d’événements, même s’ils étaient hors de ma portée, si je m’engageais à promouvoir le changement, à me rallier aux autres et à militer. Je me suis impliquée en politique dès mon entrée à l’école secondaire et ça c’est poursuivi à l’université. J’ai fait mon baccalauréat au Québec, à une époque où le mouvement étudiant et le mouvement syndical se mobilisaient pour des enjeux souvent semblables. J’ai fait ma maîtrise à l’Université de Montréal, mon sujet de thèse portant sur le renouvellement des syndicats dans un marché du travail en mutation. Je cherchais à savoir comment les syndicats s’adaptaient à des environnements changeants et à de nouvelles réalités de travail. J’ai commencé à travailler à l’AFPC parce que mon directeur de thèse, qui s’investit énormément dans le mouvement syndical, m’a parlé d’une offre d’emploi à l’Alliance. J’ai postulé et j’ai obtenu le poste.
 
Question : Depuis combien de temps préparez-vous l’École?
 
En fait, la planification a commencé au printemps. C’est Johanne Labine qui a donné le coup d’envoi. Quand je suis arrivée à bord, les choses marchaient déjà rondement. Cela dit, le dernier mois a été infernal. Il faut faire beaucoup de travail en coulisses si on veut qu’un projet de cette taille aboutisse à quelque chose de bon.
 
Pendant que nous parlons, un co-équipier d’Élisabeth essaye d’attirer son attention. N’en pouvant plus, il nous interrompt. C’est urgent. Il a besoin d’une réponse à une question immédiatement. Elle s’occupe de lui et nous reprenons notre conversation.
 
J’avais déjà travaillé aux jeux de la Francophonie et j’avais coordonné des événements semblables, mais aucun n’était de cette envergure.
 
Question : Quel est le principal défi que vous avez dû surmonter en cours de projet?
 
Difficile à dire. Il n’y a rien de précis qui me vient à l’esprit.
 
Quelqu’un d’autre vient nous interrompre. Élisabeth règle le problème. Puis, elle me demande de répéter la question. Cette fois-ci, sa réponse est plus détaillée.
 
À bien y penser, l’une des grandes difficultés, c’est de s’assurer que le projet prenne forme sans toutefois compromettre notre travail de tous les jours. C’est un beau projet, il est spécial, mais il faut quand même remplir nos obligations. Un autre défi …
 
Son téléphone sonne. Elle y jette un coup d’œil, regarde l’heure à sa montre et reprend le fil de son idée.
 
L’autre défi, c’est mon arrivée tardive dans l’équipe. Mais ça, c’est plutôt un défi personnel.
 
Quelqu’un d’autre a besoin d’aide. Cette fois-ci, elle se lève et se rend dans la salle de travail qui se trouve tout près des salles de classe. Elle revient, accompagnée de deux collègues. Ils la bombardent de questions tout en marchant. Elle répond rapidement. Elle se rasseoit et me demande où nous en étions.
 
Question : Vous avez coordonné cette activité. Qu’est-ce qui vous a le plus enthousiasmée?
 
L’énergie de nos membres. Dans mon quotidien, je suis souvent aux prises avec des conflits. Je règle des urgences, je travaille à des cas où de bonnes personnes sont mal traitées. Ici, je me fais constamment remercier. Les membres nous expriment leur reconnaissance. Ils sont heureux de l’information qu’ils reçoivent et des contacts qu’ils font. Mon travail régulier n’a rien à voir avec cette belle énergie qui se dégage ici. Je trouve extrêmement satisfaisant de pouvoir côtoyer les membres dans un environnement aussi propice.
 
Question : Pensez-vous qu’il y a un avenir pour de tels événements?
 
Ce genre d’événements nous aident à comprendre les besoins de nos membres. C’est entendu que nous continuerons d’en organiser. Mais, je pense que dans les deux prochaines années, nous mettrons l’accent sur notre réseau de délégués syndicaux.
 
Merci, Élisabeth!